Catégorie : divers

  • le poids économique des arts et de la culture

    [une réaction à un autre commentaire de Stephen Harper, chef du parti Conservateur]

    Apparence que la culture ça intéresse personne…

    Abasourdie et sidérée par les récents propos du chef conservateur sur le désintérêt de la population face à la culture, l’Association acadienne des artistes professionnel.le.s du N-B se questionne sur les fondements de cette déclaration. « Il me semble que nous sommes en droit de nous demander sur quelles données se base le gouvernement actuel pour déclarer que la culture n’intéresse personne.  Selon nous, ces propos sont faux. » affirme Louise Lemieux, présidente de l’Association acadienne des artistes professionnel.le.s du N-B.

    En effet, s’il est vrai que la culture n’intéresse personne, comment peut-on expliquer que, selon la Conference Board du Canada (2008), le secteur culturel génère 46 milliards de dollars par année à l’économie canadienne et que cet apport dépasse celui de l’industrie minière et pétrolière. Comment se fait-il que seulement au Nouveau-Brunswick ce secteur ait généré près de 604 millions de dollars à l’économie de notre province (APECA, 2004). Comment peut-on expliquer que plus de 75 000 milles personnes ont participées aux activités du Théâtre Capitol à Moncton, la saison dernière. Qu’il existe plus de 18 troupes de théâtre communautaires francophones au N-B. Que les dépenses des Canadiens et des Canadiennes au chapitre des spectacles de la scène sont maintenant plus du double de celles pour les événements sportifs. Qu’en Acadie du Nouveau-Brunswick nous avons trois salons du livre auxquels ont participé plus de 30 000 personnes l’année dernière seulement. Que plus de 15 000 personnes ont assisté à des représentations dans le cadre de l’édition 2007 du FICFA.  Qu’entre l’été 2004 et ce printemps 2008, le spectacle Ode à l’Acadie a été présenté à près de 250 reprises devant près de 100 000 personnes. Que près de 32 000 auditeurs accueillent les Éloizes dans leur salon chaque année via  la télévision de Radio-Canada Acadie. Et que plus de 1000 personnes de tous les secteurs d’activités en Acadie ont investies un an et demi de leur précieux temps dans le cadre des consultations entourant les États généraux des arts et de la culture afin que ce domaine puisse contribuer pleinement au dynamisme et la vitalité de nos communautés.

    C’est pourquoi l’AAAPNB dénonce vivement les propos et les coupures du gouvernement Harper. Le Nouveau-Brunswick est une province essentiellement rurale qui ne possède pas la masse critique nécessaire pour soutenir toute l’effervescence artistique qui en émane. Ainsi, les programmes qui appuient le rayonnement des artistes ailleurs au Canada et sur la scène internationale sont indispensables.  Sans cette possibilité d’exportation très peu de nos artistes auraient les moyens de développer une carrière.  De plus, alors que notre population vit un exode important vers l’Ouest, le Nouveau-Brunswick doit miser sur le dynamisme de son secteur artistique et culturel pour retenir et attirer des individus ayant le talent et les compétences pour nous permettre d’être une province prospère et dynamique.

    L’Association acadienne des artistes professionnel.le.s du Nouveau-Brunswick joint sa voix à ceux et celles qui défendent la liberté de création au Canada.

    Les artistes sont indispensables à la vitalité d’une société. Sans livre, sans musique, sans cinéma, sans danse, sans théâtre et sans arts visuels que seraient nos vies si non ternes, uniformes et grises.  Les artistes sont d’autant plus importants pour une société évoluant en milieu minoritaire car ils donnent la matière avec laquelle nous construisons notre identité collective et la maintenons vivante et vibrante.

    En Acadie, la culture ça compte!
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    L’AAAPNB est un organisme à but non lucratif qui a comme mission de promouvoir et de défendre les droits et les intérêts des artistes acadien.ne.s du Nouveau-Brunswick. À titre de porte-parole, l’Association représente ses membres auprès des instances de pouvoir. Aujourd’hui, l’AAAPNB réunit près de 250 artistes professionnel.le.s réparti.e.s dans les six disciplines suivantes : arts visuels, cinéma-vidéo, danse, littérature, musique et théâtre.

    Renseignements :
    Raphaëlle Valay-Nadeau, agente de développement
    Association acadienne des artistes professionnel.le.s du N-B
    Téléphone : (506) 852-3313
    Site Web : www.aaapnb.ca

  • le salaire des artistes

    [quand c’est bien dit, on peut copier-coller!]

    Les artistes en arts visuels: des enfants gâtés… vraiment ?

    Avec un revenu brut moyen de 11 000 $ par année, les peintres, sculpteurs, dessinateurs, photographes et autres artistes de toutes les disciplines des arts visuels sont-ils vraiment les «petits chouchous» du système ? Sont-ils vraiment des «profiteurs» et des gens qui vivent «aux dépens des payeurs de taxes» ? La réalité est tout autre et ce genre de préjugés est tout simplement insultant pour tous les artistes, en particulier ceux des arts visuels.

    Selon Lise Létourneau, présidente du Regroupement des artistes en arts visuels du Québec: «Les propos des politiciens conservateurs et des commentateurs de tout acabit, répercutés dans les journaux et sur les ondes, sont de vieux clichés, des balivernes qui prennent pour exemple quelques artistes vedettes.»

    Regardons la réalité en face, la crue réalité quotidienne de la plupart des artistes du secteur des arts visuels. D’après l’enquête effectuée par l’Institut national de recherche scientifique (INRS)[1] en 2000, étude qui portait sur plus de 3000 artistes visuels québécois et dont les résultats sont encore d’actualité : « Le quart des artistes retire moins de 1000 $ par année de la pratique des arts visuels; la moitié en retire moins de 3 500 $ (…).» Le revenu brut annuel moyen liés à la pratique des arts visuels est d’environ 11 000 $ et 84% des artistes font moins de 20 000 $ par année, tous revenus confondus. Un pactole… vraiment ? Des «enfants gâtés» ?

    Rappelons qu’au Canada, le seuil de faible revenu est de 17 950 $ pour une personne seule. Il ne faut pas oublier que la plupart de ces artistes ont aussi une famille et des enfants à faire vivre tout en finançant les matériaux nécessaires à la réalisation de leurs œuvres – toiles, brosses, pinceaux, pierre, métal, bois, ordinateurs, logiciels, caméras… De plus, les artistes sont des citoyens «ordinaires» eux aussi et ils paient taxes et impôts comme tout le monde. Alors, dire qu’ils «se plaignent le ventre plein» comme le prétend M. Harper c’est faire insulte à des citoyens honnêtes et mettre en doute l’intelligence des citoyens canadiens et québécois.

    Mais comment, dans ces conditions, les artistes en arts visuels survivent-ils?

    Certainement pas de ce que les gouvernements leur donnent, comme le prétendent les Stephen Harper, Josée Verner, André Arthur et Myriam Taschereau de ce monde. Sur 3200 artistes sondés en 1999, moins de 18% disaient avoir obtenu une aide financière d’organismes publics (bourses ou autres) et environ 10% avaient reçu des commandes publiques. Rappelons au passage que les sommes accordées par les organismes subventionnaires sont minimales et très occasionnelles. Vivent-ils au crochet de l’État alors ? Eh bien non. Seulement 8% des 3200 artistes sondés disaient avoir reçu des prestations d’aide de dernier recours.

    Alors, comment font-ils pour continuer à enrichir nos vies et à nous questionner par leurs tableaux, leurs sculptures, leurs photographies, leurs vidéos d’art, etc.? En se serrant la ceinture et en occupant d’autres emplois, connexes ou non, ou encore en bénéficiant du soutien d’un-e conjoint-e pratiquant une profession mieux rémunérée. On dira que c’est le lot de beaucoup de nos concitoyens mais est-ce normal que ceux par qui la culture arrive et se renouvelle vivent dans de telles conditions?

    Et l’on ne parle pas ici seulement de jeunes artistes en début de carrière, on parle aussi d’artistes de haut niveau, des Prix Paul-Émile-Borduas et du Gouverneur général, les plus hautes reconnaissances au Québec et au Canada pour les artistes de ce domaine. Toujours selon Lise Létourneau: «Ça vous fend le cœur de voir des artistes de si haut calibre, célébrés par la critique et couverts d’honneurs, obligés pour survivre d’enseigner à un âge très avancé, ou qui peinent à payer leur épicerie ou leur logement. Combien de nos grands artistes de toutes les générations vivotent ainsi dans des conditions indignes d’une société qui se vante de valoriser sa culture ! C’est honteux !»

    En publiant le communiqué d’aujourd’hui, le Regroupement des artistes en arts visuels du Québec veut contribuer à rectifier les perceptions erronées que font circuler certains politiciens et informer le public sur les réalités de la vie d’artiste. Les artistes ne demandent pas la lune, seulement le respect et la juste reconnaissance de leur contribution quotidienne à l’enrichissement collectif. M. Harper, Mme Verner, Mme Taschereau, M. Arthur, prière de mettre vos pendules à l’heure de la réalité.

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    Source :
    Christian Bédard
    Directeur général
    Regroupement des artistes en arts visuels du Québec (RAAV)
    514-866-7101 # 30
    http://www.raav.org/

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